Décrire, Figurer, Imaginer
HLP 2e semestre :
Les représentations du monde
Littérature
Orelsan
Question sur le texte : Orelsan utilise la réalité de la terre ronde de manière métaphorique. Que cherche-t-il à exprimer à travers cette image de la terre ronde ?
Vous répondrez à cette question de manière organisée et argumentée.
Question sur le texte : Orelsan utilise la réalité de la terre ronde de manière métaphorique. Que cherche-t-il à exprimer à travers cette image de la terre ronde ?
Réponse possible :
La métaphore est construite sur la forme de la terre qui évoque différentes images : un "cercle vicieux", "le tour du monde" et la notion de retour cyclique.
1) Le "cercle vicieux" ou la dénonciation de la société de consommation
- cette chanson est une dénonciation du mode de vie de nos sociétés actuelles fondé sur une quête de l'argent qui devient un but en lui-même ; le vers "Y a vraiment rien dont j'ai vraiment besoin" résume cette critique en insistant par la répétition du mot "rien" sur la vanité de nos attentes qui se résument à des objets matériels ;
- l'image du "cercle vicieux", dès la première strophe donne le ton polémique et les répétitions de cette strophe ("voiture" ; "travailler") mettent l'accent sur l'absurdité de la situation ;
- le poème est construit sur tout un réseau d'oppositions qui vient construire cette dénonciation ("rembourser" / "acheter" ; "monde" / "maison" ; "poursuite" / "attendre", etc.) ;
- l'emploi de grossièreté ("au lieu de lécher ton patron") vient conforter le ton dénonciateur en introduisant de la violence ;
- l'interpellation de l'auditeur avec le "tu" le met directement en cause pour l'inciter à réfléchir.
2) Le "tour du monde" ou la frénésie de l'agitation inutile
- ce texte rejoint celui de Sylvain Tesson sur la mode des voyages touristiques qui sont inutiles ;
- champ lexical du mouvement : "avoir fait l'tour" ; "courir" ; "poursuite" plutôt péjoratif ici ;
- les hyperboles "courir à l'infini" et "des centaines de truc sur le feu" montrent que toute cette agitation est un leurre, une distraction au sens pascalien du terme. (Pour Pascal, l'homme ne s'occupe et ne se divertit que pour échapper à la réflexion qui le conduirait inévitablement à penser à son avenir, donc à sa mort et le remplirait de peur. S'agiter en tous sens ne sert qu'à éviter de penser) ;
- mais il s'agit d'un leurre puisque finalement le voyage ne permet pas de nous satisfaire comme l'exprime dès le début l'opposition scandée dans le refrain entre le "monde" et la "maison".
- de la notion d'espace l'auteur passe à celle de temps, deux notions intimement liées comme l'ont montré les physiciens et comme l'expression "espace-temps" l'exprime ;
- ainsi Orelsan propose-t-il une réécriture du carpe diem antique, c'est-à-dire de la philosophie épicurienne qui préconise de vivre pleinement l'instant présent pour trouver le bonheur. Il valorise donc le hic et nunc, c'est-à-dire le fait de savoir jouir de l'ici et maintenant ;
- valorisation du champ lexical du présent ; "aujourd'hui j'me sens bien" ; "tout c'qu'on veut c'est profiter d'l'instant" ; "tout c'qu'on veut c'est pouvoir vivre maintenant" (ces deux vers étant répétés pour insister davantage) ;
- chiasme qui met encore en valeur la philosophie prônée en l'opposant au risque encouru: "J'veux prendre le temps / avant qu'le temps m'prennne" (je = P1 sujet / me = P1 objet) ;
- question rhétorique "A quoi ça sert de préparer l'avenir si t'oublies d'vivre ?" qui met en évidence l'absurdité de nos vies modernes ;
- enfin l'oxymore "la lumière du soir" permet de réunir toutes les oppositions précédentes comme si l'auteur avait trouvé "l'équilibre" qu'il recherche ;
- et permet l'écriture d'un vers particulièrement poétique "On s'épanouit dans la lumière du soir" (métaphore de la fleur + oxymore + décasyllabe harmonieux car vers long et pair) qui contraste avec la tonalité grossière ou familière générale.
Blandine P. : le format de l'exercice n'est pas totalement respecté mais la réflexion est intéressante au vu de ce que nous vivons actuellement.
Juliette G : l'analyse ne s'appuie pas assez sur les procédés d'écriture mais elle est bien menée (logique et progressive).
