Séance n°3 : Essai littéraire, l’épanouissement du moi est-il possible à l'école de la République ?
Support : devoirs des élèves
Objectifs : révision de la méthodologie et développement de l'esprit critique
Rappel : l'introduction est le lieu où on définit, explicite, discute les termes du sujet et où on propose un axe de réflexion quand le sujet est très vaste :
Le terme "école", qui suppose une organisation collective, voire nationale, nécessite d'être précisé pour expliquer de quelle école on va parler :
- école française ou étrangère ? => les systèmes scolaires sont très dépendants de la culture et de la politique des différents pays ;
- quel système : privé ou public ?
- quel niveau (de l'école maternelle à l'université) ?
- quelle filière (général, technologique, professionnel) ?
Le terme "épanouissement" évoque :
- une métaphore florale qui donne une dimension poétique et méliorative à la question ;
- l'ouverture ;
- le fait de grandir, d'évoluer dans le positif ;
- voire d'atteindre une forme de bonheur
- la notion d'apprentissage // point commun avec un des buts de l'école.
Le mot "moi" renvoie à :
- l'idée d'individu, de personne donc de développement personnel unique (ce qui vient immédiatement en contradiction, au moins apparente, avec la notion nationale de l'école)
- la question de l'âge et de la maturation d'une psychologie en évolution // âge de la scolarité
I. Certes, l'école a comme finalité de permettre à l'adulte en devenir de développer ses qualités personnelles :
1. Tout d'abord, l'école permet à l'enfant de se découvrir lui-même dans ses goûts personnels en lui proposant des activités inédites voire inconnues de son milieu familial et en lui offrant l'occasion de développer des aptitudes nouvelles :
=> cf la découverte du plaisir de la lecture par le narrateur de L'Enfant de Jules Vallès lorsqu'il est enfermé dans une salle d'étude en guise de punition.
2. De plus, elle lui permet d'acquérir des connaissances, des savoirs-faire qui lui permettent de faire des choix d'orientation en vue de son insertion professionnelle et sociale dans la société, ce qui lui donnera un sentiment d'utilité nécessaire au sentiment du bonheur (cf la pyramide des besoins de Maslow. Elle permet aussi l'ascension sociale des enfants de milieux défavorisés. (Lettre de Camus à son instituteur ; Annie Ernaux, La Place)
3. Enfin, l'école permet à l'enfant de se socialiser, c'est-à-dire de découvrir l'Autre dans toutes ses différences et ses richesses, ce qui lui permet d'apprendre la diversité, la tolérance, le relativisme culturel et à terme de pouvoir faire des choix de vie en toute conscience et non pas en étant uniquement conditionné par le déterminisme familial. Plus simplement, l'école est aussi le lieu où l'amitié voire l'amour, peuvent se développer.
=> Colette, Claudine à l'école ; Sartre, Les Mots
II. Mais, elle n'y parvient pas complètement à cause de :
L'observation de l'école telle que nous la vivons aujourd'hui montre qu'à l'instar de la société, l'école est un lieu où des violences de toutes sortes s'exercent :
1. On peut remarquer tout d'abord que l'école, même si elle tente d'individualiser les apprentissages (PAP, PPRE, PAI, etc.), propose des programmes et des méthodes uniformisées qui ne tiennent pas réellement compte des différences de chacun (vitesse d'apprentissage, centres d'intérêt, mode d'apprentissage, etc.). On attend que l'élève se plie au moule et non l'inverse, ce qui entraîne des échecs, et plus grave encore, fabrique de la mésestime de soi sans favoriser le développement de l'esprit critique.
=> Colette, Claudine à l'école ; Sartre, Les Mots
2. En outre, elle fait subir de nombreuses autres contraintes aux élèves qui ne les aident pas à affirmer leur personnalité : contraintes vestimentaires (imposées ou intériorisées par peur du jugement) ; horaires qui ne respectent pas les cycles de tout le monde ; apprentissage très intellectuel qui manque d'expérimentation, etc.
=> Claudine à l'école de Colette ;
3. Pour finir, elle engendre un climat de violence qui peut devenir tout à fait délétère (= destructeur, mortifère) à cause de :
- les violences physiques (L'enfant de Vallès ; La Place d'Annie Ernaux)
- le manque de moyens (insalubrité, manque de place...)
- la pression de la réussite,
- la compétition,
- le harcèlement (par les pairs ou les professeurs => "Le Cancre" de Prévert
Ce qui entraîne stress et phobies scolaires.
Conclusion :
Il ne faut pas confondre l'idée de l'école et les objectifs élevés qu'elle se fixe avec les résultats auxquels elle aboutit, résultats décevants à cause des moyens qu'on lui attribue, ce qui fait glisser la question vers des préoccupations politiques. L'école est ce que la société choisit qu'elle soit.
Devoirs : lire les textes distribués (florilège sur l'école) et compléter le plan de l'essai avec des exemples tirés de ces textes.