L'art de la parole
HLP 1er semestre : Les Pouvoirs de la parole
Littérature

L’art de la parole


QUESTION 1 L'art de la parole : pour quoi et pour qui ?

  • La parole est partout dans nos sociétés. Les Anciens ont dressé la typologie suivante : éloquence politique (genre délibératif), éloquence judiciaire (genre judicaire) et éloquence épidictique ou d’apparat (genre démonstratif).
  • La rhétorique dépasse les genres oratoires (oral) et se retrouve dans tous les genres littéraires (écrit) : en poésie, au théâtre, dans les romans.

QUESTION 2 L’éloquence peut-elle s’enseigner ?

  • Dès l’Antiquité, des hommes ont écrit des manuels et fondé des écoles pour enseigner l’éloquence : les rhéteurs et les sophistes.
  • La compétence oratoire semble puiser à des sources différentes : l’apprentissage, les dons naturels, l’exercice. Il est possible de comparer la parole éloquente et la parole inspirée.

QUESTION 3 Quels outils pour gagner en éloquence ?

  • Les cinq parties de l’art oratoire : inventio (trouver quoi dire), dispositio (mettre en ordre), elocutio (ajouter des ornements), actio (jouer le discours), memoria (mémoriser).
  • les trois devoirs de l’orateur : docere (démontrer par la rigueur de son argumentation), delectare (plaire par la qualité de son style), movere (émouvoir par l’humour ou le pathétique).
  • les quatre moments du discours : l’exorde, la narratio (exposé des faits), la confirmatio (exposé des arguments), la péroraison.
  • L’importance du style : choisir le ton, le registre.

QUESTION 4 Faut-il se méfier de la rhétorique ?

  • Avec Platon, la rhétorique est associée à la manipulation. Le philosophe qui désire la vérité se méfie de son pouvoir et lui préfère le dialogue.
  • La rhétorique peut néanmoins être au service de l’argumentation : elle permet l’expression juste de ses idées et la communication au sein de la société.
Art De La Parole L'Essentiel

A vous de jouer p. 60 :


« La rhétorique est-elle flatterie ? Comment comprendre le souci du public dans ce texte ? »


La première question fait référence à la définition que Platon donne de la rhétorique dans le texte p. 54 : elle serait flatterie. De la rhétorique entendue comme flatterie, Platon nous dit qu’elle est le propre d’une « âme perspicace, brave et naturellement habile dans les relations humaines » (l. 5-6). On peut en déduire que la flatterie, selon Platon, consiste à percevoir chez l’interlocuteur ce qui lui plaira et à entreprendre de lui parler exactement selon ses attentes. C’est pour cela que, selon Platon, la rhétorique est une contrefaçon de la politique : tandis que la politique consiste à présenter un projet bon pour la cité aux interlocuteurs et citoyens, la rhétorique ne consiste à dire que ce qui fera plaisir aux interlocuteurs et citoyens, indépendamment de l’idée d’un bien objectif. Cependant, nous voyons, avec ce texte de Chaïm Perelman mais aussi avec ceux d’Aristote et de Salisbury de la page précédente, que la rhétorique peut être employée comme outil au service d’un bien objectif. Quand un tel usage est fait de la rhétorique, elle est utile voire nécessaire, parce qu’elle se plie au service d’une cause jugée bonne. Chaïm Perelman ne détaille pas ici la méthode que doit employer la rhétorique, il parle d’emporter l’attention du public sans détailler par quelles stratégies oratoires cela peut être accompli. On ne peut pas exclure que la rhétorique recoure, entre autres, à la flatterie, pour donner envie au public d’écouter – par exemple, en introduisant une communication scientifique adressée à un public non initié par « Vous serez tous capables de comprendre ce que nous allons vous expliquer, pour peu que vous nous accordiez toute votre attention. Vous verrez, le jeu en vaut la chandelle ! » Cela n’implique pas que dans ce cas, la rhétorique ne serait que flatterie et rien d’autre ; en tout cas, quand bien même la flatterie resterait une partie de la rhétorique, elle ne serait que la partie d’un outil, la rhétorique, elle-même au service d’un bien : transmettre des vérités. C’est en fonction de ce bien qu’on doit comprendre le souci du public que le texte de Chaïm Perelman amène.


Important : Pour donner un contenu, une définition à un terme (ici, la rhétorique) à partir de textes d’auteurs différents, il faut veiller à restituer le sens que le terme revêt dans chacun des textes, en fonction des présupposés différents propres à chaque penseur. En l’occurrence, c’est parce que Platon, quand il parle de rhétorique, ne pense qu’à l’art de persuader qui se prend lui- même pour fin, sans envisager que cet art puisse se mettre au service d’une cause juste, qu’il définit la rhétorique comme flatterie exclusivement. Le contexte différent dont part Chaïm Perelman, dans lequel la rhétorique peut aider à transmettre la vérité, l’amène à donner au terme une définition implicite différente.