Séance n°2 : Culture littéraire, le mythe de l'amour impossible
Support : manuel p. 117 questions 2 et 3
Objectif : comprendre le potentiel dramatique des interdits amoureux
Correction des questions :
Héloïse et Abélard ont une histoire mondialement connue qui figure le mythe de l’amour impossible. Rousseau s’inspirera de leur véritable histoire, transmise à travers leur correspondance, pour écrire La Nouvelle Héloïse en 1761.
1. Héloïse s’adresse à son ancien amant Abélard. On peut rappeler ici la différence de lexique entre destinateur (celui qui envoie le message) et destinataire (celui qui le reçoit). Héloïse, privée de son amant par son entrée au couvent, transforme par l’écriture sa passion charnelle en passion spirituelle et intellectuelle.
2. Héloïse compare d’emblée ce qu’elle ressent à la folie dès la ligne 3 : « mon amour s’est tourné en une folie », puisqu’en entrant au couvent, elle se prive volontairement de l’être aimé, ce qui peut paraître paradoxal. Elle insiste ensuite sur la gratuité de son amour en rejetant le lien du mariage et en rappelant à Abélard à quel point ce n’était pas ce qu’elle recherchait et
utilise une image forte « j’aurais trouvé plus précieux et plus digne de pouvoir être appelée ta putain que ton impératrice. » Héloïse aime Abélard plus qu’elle-même « tu étais l’unique maître de mon corps comme de mon âme », elle le divinise et se perd totalement dans son amour pour lui et est prête à braver tous les codes sociaux : ce sont bien les manifestations de la passion amoureuse.
Sa sincérité s’exprime par l’emploi du pronom personnel de la deuxième personne qui recrée l’intimité entre les deux amants. Nous sommes devant une lettre d’amour et Héloïse prend même Dieu à témoin pour justifier sa sincérité : « Dieu le sait » ligne 7, « Dieu m’en soit témoin », ligne 22.
3. Héloïse semble d’abord chercher à justifier la pureté de ses sentiments vis-à-vis d’Abélard en revenant sur leur histoire par écrit. La lettre sert alors de mise au point dans laquelle elle offre un retour sur ses sentiments et sur leur histoire dans le but ultime qu’Abélard ne l’oublie pas. Elle décrit un amour pur, très fort, au-dessus de tout, qui brave l’absence et gagne par là-même l’éternité mais il s’agit aussi de revivre cet amour par l’écriture puisqu’elle en est privée au couvent.
4. Cette lettre donne l’image de l’assujettissement de la femme à la passion mais elle force aussi une forme d’admiration. Il s’agit ici du portrait d’une femme qui puise sa force dans l’amour qu’elle voue à l’autre dans lequel elle veut volontairement se perdre. Alors même qu’elle n’a plus rien à gagner ni à perdre, la nature de son amour ne s’est pas amenuisée. Elle offre ici l’image d’un amour pur, fidèle, entier, alors même qu’elle ne reverra jamais celui qu’elle aime.